Quand sportives et futures mamans partagent les mêmes techniques de préparation mentale.

Faut-il se préparer à l’accouchement comme à un marathon (et inversement) ?

L’accouchement est souvent comparé à un marathon.

Je ne suis pas certaine que cette analogie soit vraiment pertinente, surtout lorsqu’elle repose uniquement sur la dépense énergétique générée par l’un et l’autre.

Le marathon est un exploit sportif, l’accouchement est un moment profondément singulier — extraordinaire au sens propre. Réduire ces instants de vie à un nombre de calories me semble extrêmement réducteur.

Au-delà des considérations énergétiques, je me suis quand même demandé s’il existait de réelles similitudes entre les deux.

Certes, l’accouchement peut s’apparenter à une épreuve d’endurance, tout comme le marathon, mais il est, statistiquement, bien plus long (7/8 h pour un premier accouchement, sans compter le pré-travail, alors que le temps moyen pour boucler le marathon de Paris, qui est l’un des plus rapides au monde, est de 4 h 15).

Il est vrai également que la grossesse et la course à pied favorisent toutes les deux la libération des hormones du bien-être : adrénaline, endorphines, dopamine… Néanmoins, dans le cadre de l’accouchement, c’est surtout l’ocytocine, l’hormone clé des contractions et du déclenchement du travail, qui joue un rôle central.

Enfin, si dans les deux cas, la majorité des femmes s’y préparent pendant des mois, n’oublions pas qu’au marathon de l’accouchement succède immédiatement celui de la maternité… qui durera au minimum 18 ans 😅 (c’est d’ailleurs souvent un moment où les jeunes parents découvrent ou redécouvrent la course à pied pour souffler, gérer le stress de la parentalité et s’accorder un peu de temps loin du brouhaha).

Toutefois, je reconnais un point commun : en tant que sophrologue ayant accompagné à la fois des sportives préparant un marathon et des femmes se préparant à l’accouchement, j’ai constaté que le type de séances et de techniques utilisées est assez similaire.

Autre parallèle significatif : ni l’accompagnement mental à la naissance ni celui du marathon ne sont véritablement valorisés ou priorisés, alors qu’ils constituent un élément clé du déroulé de ces événements dans les meilleures conditions possibles.

En effet, cette préparation ne changera pas l’issue — vous allez finir par accueillir votre enfant après des heures de travail, et boucler votre marathon (comme environ 97 % des participants) — mais elle changera profondément votre manière de le vivre, en vous permettant d’habiter vraiment l’instant et de ne jamais le subir.

Les outils de l’entraînement mental sophrologique

Dans les deux cas, l’entraînement mental repose sur l’intégration de ressources intérieures capables de servir d’ancrages tout au long du voyage :

  • Une bulle protectrice, dans laquelle puiser l’énergie ou se réfugier,
  • Un petit geste auquel le cerveau associe instantanément un état de calme et de concentration,
  • Une formule mentale, un mot-clé, qui permet de tenir dans l’effort ou la douleur.

Chacun de ces outils est individuellement une ressource précieuse, car ils permettent, à force d’entraînement, d’accéder à un état interne recherché (sérénité, concentration, apaisement, confiance) sans passer par la réflexion ou la rationalisation (on les nomme aussi raccourcis émotionnels), ce qui est particulièrement utile dans les situations qui nécessitent toute notre attention. En outre, le geste self control, le dialogue interne, la bulle peuvent également être agencés ensemble, en une routine pour retrouver de la confiance, un sentiment de maîtrise, de la sérénité, comme les plus grands champions créent leur routine de performance.

Un autre pilier essentiel de cette préparation réside dans la visualisation.

Visualiser, ce n’est pas simplement voir des images ou se contenter d’imaginer une situation.

La visualisation proposée par la sophrologie ou l’imagerie mentale permet de vivre la situation projetée avec ses cinq sens, son corps et sa conscience. On en imprime les ressentis physiques et émotionnels, comme une répétition mentale avant l’événement réel.

Au fil des séances, on peut visualiser tous les scénarios et passer en revue toute la chronologie de l’événement :

  • La ligne de départ, les premières contractions et la perte des eaux,
  • Les moments de doute ou d’épuisement : la phase de désespérance, les contractions plus intenses, le mur du marathon vers le 30e kilomètre,
  • Les imprévus : renoncer à un projet d’accouchement physiologique, vivre une césarienne d’urgence, ou, côté sportif : des crampes persistantes, une chute…
  • Enfin, la ligne d’arrivée ou celle de son bébé.

La visualisation joue plusieurs rôles : c’est une décharge émotionnelle, mais aussi une façon de vivre le projet comme on souhaite le mener et d’inscrire en soi la réussite et la force du positif.

Enfin, vivre les difficultés éventuelles en amont, pendant une séance permet de trouver à l’avance, des stratégies pour les surmonter et habituer le cerveau à réagir face à l’épreuve, à l’obstacle, à l’imprévu.

Grâce à ces entraînements, on ne contrôle pas tout, mais on se crée les moyens d’une stabilité émotionnelle à toute épreuve, en ancrant des réflexes mentaux.

Et c’est, à mon sens, la vraie force mentale : celle qui ne nie pas l’imprévu, mais qui sait comment y répondre, et celle qui nous aide à habiter l’instant avec une véritable présence.

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