Des recherches en psychologie ont démontré qu’il est plus efficace de requalifier l’anxiété en excitation que d’essayer de se calmer.

Comment transformer l’anxiété pour réussir sous la pression ?

Il est très courant de ressentir de l’anxiété, notamment avant des tâches importantes qui peuvent être aussi variées que prendre la parole en public, marquer un penalty pour un joueur/une joueuse de football, rendre compte de ses performances à son supérieur, se rendre à un entretien d’embauche, passer le permis de conduire. On désigne cette anxiété comme « l’anxiété de performance ».

Lorsqu’elle est ressentie bien en amont de l’événement, cette anxiété est utile car elle peut nous pousser à développer nos efforts et notre charge de travail pour être le plus préparé et le meilleur possible.

Toutefois, lorsqu’elle est ressentie juste avant ou pendant la tâche à accomplir (et réussir), l’anxiété nuit à la performance car elle :

  • réduit la capacité de mémoire de travail (on oublie tout ce que l’on connaissait par cœur),
  • perturbe la concentration puisque le cerveau est mobilisé sur la rumination des émotions négatives,
  • diminue la confiance en soi.

Pour prévenir les conséquences négatives de cette anxiété de performance, de nombreuses personnes essaient de l’atténuer en tentant de se calmer, en respirant doucement par exemple.

Toutefois, Alison Wood Brooks, chercheuse en sciences du comportement, a tenté une autre stratégie en explorant les avantages de réinterpréter l’anxiété de performance comme de l’excitation.

En effet, alors que l’anxiété est une émotion négative qui impacte la confiance en soi et nuit à la performance, l’excitation est une émotion positive et les personnes en état d’excitation se concentrent sur les résultats positifs potentiels et croient en leur capacité à les atteindre.

Or, bien qu’opposées dans leurs effets, l’anxiété et l’excitation sont assez proches d’un point de vue physiologique car ces deux émotions sont marquées par une augmentation du rythme cardiaque et une certaine agitation de celui qui la ressent.

Physiologiquement parlant, il y a beaucoup plus de similitudes entre l’anxiété et l’excitation, qu’entre l’état d’anxiété et l’état de calme. Ainsi, reconsidérer l’anxiété comme de l’excitation suppose uniquement un changement cognitif et non physique.

En lisant les travaux d’Alison Wood Brooks, j’ai remarqué que réinterpréter l’anxiété en état d’excitation était quelque chose que je faisais naturellement avant une plaidoirie. Cela me permettait de garder l’énergie et la tension physique liées à l’anxiété et nécessaires pour « être dans le procès », mais de l’orienter pour remplacer la peur de ne pas être à la hauteur par l’envie de gagner et l’excitation d’un délibéré en ma faveur.

Dans le cadre de ses travaux de recherche, Alison Wood Brooks a notamment conduit deux études que je vous résume ici.

Chanter devant un inconnu

Dans cette étude, les participants devaient chanter une chanson de karaoké devant un public, au moyen d’une console mesurant la performance vocale.

Avant de chanter, ils devaient déclarer à haute voix une phrase assignée au hasard, qui était « Je suis anxieux », « Je suis excité » ou aucune phrase.

Ceux qui disaient « Je suis excité » se sont déclarés significativement plus excités que les autres et chantaient significativement mieux que ceux n’ayant rien dit, et bien mieux que ceux disant « Je suis anxieux ».

Prise de parole en public

Les participants devaient préparer un discours de 2 minutes sur le thème « Pourquoi je suis un bon collègue » et le présenter devant une caméra, en étant filmés et évalués.

Juste avant de parler, ils disaient soit « Je suis excité », soit « Je suis calme ».

Les évaluateurs ont jugé les discours des participants selon plusieurs critères : persuasion, compétence, confiance et persévérance. Ceux ayant dit « Je suis excité » ont obtenu de meilleurs scores sur tous les critères et ont parlé plus longtemps.

 Le pouvoir de l’auto-discours

Pour reconditionner leur cerveau avant une tâche stressante, Alison Wood Brooks a simplement demandé aux participants de ses études de s’auto-déclarer « excité ».

Elle en a conclu que pour faire face à l’anxiété de performance, se dire « Je suis excité » est plus efficace que se dire « Calme-toi » et peut transformer une montée d’anxiété en levier de réussite.

Plusieurs études menées notamment en psychologie du sport ont démontré les bienfaits de l’auto-discours positif (ex. : « Je peux le faire ») sur les performances, la motivation et les performances cognitives.

L’efficacité de l’auto-discours peut être largement décuplée grâce à certains exercices de sophrologie qui influencent sur le reconditionnement du cerveau en programmant certains mots pour qu’ils aient tels ou tels effets selon les situations que l’on cherche à mieux vivre ou à appréhender.

« Excitation ». « Calme ». « Motivation ». « But ». « Bébé ».

La réussite ou le bien-être tient parfois au choix des mots à activer.

J’espère que cette technique vous permettra de surmonter vos moments d’anxiété de performance à l’avenir.

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